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                 Les objectifs de la réforme
RÉDUIRE LE NIVEAU DES PENSIONS
Jusqu’à présent, les perdants ont plutôt été les actifs. Car il n’existe guère que trois leviers pour équilibrer un système de retraites : allonger la durée de cotisa- tion des actifs (en reculant l’âge de départ à la retraite); relever le niveau des coti- sations versées par les employeurs et les salariés ; ou enfin réduire le niveau des pensions des retraités en baissant le pourcentage du taux de remplacement (c’est-à-dire en baissant le niveau de la pension rapporté au dernier salaire). Les réformes passées ont principalement consisté à allonger la durée et le niveau des cotisations. Mais cette stratégie montre ses limites. Prenons le cas de la durée de cotisation : aujourd’hui, l’âge minimal de départ à taux plein est de 62 ans. Mais la durée minimale de coti- sation pour obtenir ce taux plein ne cesse de s’allonger : actuellement de 41 ans et demi, elle sera de 43 ans pour la généra- tion née en 1973. Il faudra donc avoir commencé à travailler à 19 ans pour partir à 62 ans avec une retraite à taux plein. L’âge moyen d’entrée dans la vie active étant de 22 ans, l’âge moyen de départ à la retraite à taux plein est donc réelle- ment de 65 ans. Il semble difficile d’ac- tionner encore ce levier alors que la pré- cédente réforme n’a pas encore été totalement digérée.
Même constat du côté des taux de coti- sations : à compter de 2019, sous l’effet des augmentations déjà actées, « le taux de cotisation légal sous le plafond de la Sécurité sociale atteindra 27,6 % du salaire brut », observe le Comité de suivi des retraites (CSR). Or, l’Union européenne impose un plafond : ce taux de cotisation ne doit pas excéder 28 %. Là encore, il ne
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reste guère de marge de manœuvre.
Le dernier levier reste le taux de rempla- cement. Jusqu’à présent, il n’a été affecté que de façon indirecte, « en jouant sur le pouvoir d’achat des retraités, explique Florence Legros. Indexer les retraites sur les salaires plutôt que sur l’inflation repré- sente un vrai risque de paupérisation des retraités. » Il s’agit là d’une baisse relative. Peut-on s’attendre, avec la réforme, à une baisse réelle des taux de remplacement ? Les paris sont ouverts...
DES INCERTITUDES ET DES INQUIÉTUDES
Mais le gouvernement marche sur des œufs : après le relèvement de 1,7 % du taux de la CSG (contribution sociale géné- ralisée), entré en vigueur en janvier 2018, les retraités ont déjà vu leurs revenus baisser. Certains cadres seront double- ment pénalisés : une minoration de 10 % s’appliquera pendant trois ans à la retraite complémentaire des cadres nés à partir de 1957 qui décideront de liquider leur retraite complémentaire en même temps que leur retraite à taux plein.
Le mécontentement des retraités est palpable. Il commence à contaminer l’ensemble des Français qui estiment, à 74 %, que leur retraite n’est ou ne sera pas suffisante pour leur permettre de vivre décemment(3). La réforme à venir a peu de chances de les rassurer... ■
(1) Dans une interview réalisée
par Laurence Le Dren et publiée
par Notre Temps le 3 août 2018.
(2) Éditions Economica, 2007.
(3) Les Français, la retraite et l’épargne. Enquête réalisée du 6 au 9 février 2018
par Cecop, à la demande du Cercle de l’épargne/Amphitéa, auprès d’un échantillon représentatif de 1 002 personnes.
      


















































































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