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                 Les objectifs de la réforme
privé bénéficie de quatre ans de majora- tion de durée d’assurance (quatre tri- mestres par enfant au titre de la grossesse et de la maternité, et quatre au titre de l’éducation). Avec deux enfants, une fonc- tionnaire ne bénéficie que d’un an de majoration. Elle peut néanmoins décider de partir à la retraite au même âge que sa consœur du privé : sa pension sera affec- tée d’une décote de 15 %.
DISPARITÉS ET SENTIMENT D’INJUSTICE
C’est à ces différences entre régimes que la réforme des retraites veut s’attaquer. Rendre « notre système de retraites plus équitable » est l’une des promesses de campagne électorale d’Emmanuel Macron : le futur président s’était engagé à mettre en place de façon « progressive un système universel de retraite avec pour chaque euro cotisé le même droit à pension pour tous. »
De fait, 71 % des Français estiment que notre système de retraite est « injuste et inefficace »(1). Ce phénomène est parti- culièrement marqué chez les femmes (77 %), dont le niveau de pension reste nettement inférieur à celui des hommes. Quant aux personnes gagnant moins de 2 000 euros par mois, elles sont 80 % à considérer que le système est injuste et inefficace, ce qui prouve que la question
À NOTER
Dès 1945, la France a fait
le choix d’un système de retraite financé par répartition :
les cotisations des actifs aujourd’hui payent les pensions des retraités d’aujourd’hui :
ce choix sera conforté. Le nouveau système restera un système par répartition, public et obligatoire.
du pouvoir d’achat à la retraite est au cœur de ce sentiment de défiance. « En fait, tout le monde a l’impression que son voisin a une meilleure retraite que soi », résume Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne.
Ce sentiment d’injustice est nourri par la diversité des régimes et l’hétérogénéité des règles du jeu : les 35 régimes obliga- toires de retraite qui appliquent tous des règles différentes, héritées de leur propre histoire : la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) et l’Agirc-Arrco pour les salariés du privé, la MSA pour les agricul- teurs, le RSI pour les indépendants, le service des retraites de l’État, la CNRACL et la RAFP pour les fonctionnaires, l’Ircan- tec pour les agents non-titulaires de la fonction publique. S’ajoutent les régimes spécifiques de la Banque de France, des mines, du gaz et de l’électricité, de la Comédie française, des clercs et em- ployés de notaires, des personnels de l’Opéra de Paris, des marins, de la RATP, de la SNCF, du port autonome de Strabourg, des artistes, des ouvriers de l’État, des membres du culte... mais aussi une douzaine de caisses spécifiques aux professions libérales, telles que notaires, médecins, experts-comptables, agents d’assurances, etc. (lire p. 20).
VERS UNE MÊME RÈGLE DE COTISATION ?
L’idée d’unifier ces régimes est largement partagée : 53 % des Français se pronon- cent en faveur d’un régime unique avec une seule caisse de retraite ; 34 % pré- fèrent l’instauration d’un cadre unique préservant toutefois les spécificités de certains statuts professionnels. Reste à savoir comment procéder. C’est là toute la gageure de la réforme.
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