Page 57 - POCKET_GUIDE_REFORME
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                nus par rapport à la population moyenne tend toutefois à se résorber avec l’âge : à 80 ans, les retraités retrouvent le même niveau de vie que l’ensemble de la popu- lation. Mais on peut tout de même se demander si la publication de cet avis n’est pas une façon de préparer les esprits à une baisse des taux de remplacement.
LES CADRES PÉNALISÉS
Selon les observateurs, cette baisse pour- rait être sévère : de l’ordre de 10 % à l’hori- zon 2020, ce qui ferait passer le taux de remplacement moyen de 75 % au- jourd’hui à 65 %. Cette moyenne cache de grandes disparités : le taux de rempla- cements des non-cadres est proche de 80 % alors que celui de certains cadres tourne plutôt autour de 60 %.
Cet écart pourrait encore se creuser et faire des cadres (notamment à hauts reve- nus) les grands perdants de la réforme. Pour deux raisons : la prise en compte de la totalité de la carrière (et non plus seule- ment les 25 meilleures années) dans le calcul de la pension pénalise les popula- tions dont la rémunération connaît une progression marquée au fil des années. C’est particulièrement le cas des cadres. Un autre phénomène devrait les pénali- ser : l’homogénéisation des plafonds de cotisations entre les régimes de base et les régimes complémentaires. L’assiette de cotisation au régime général (Cnav) est en effet plafonnée à 3311 € bruts, contre 9 933 € pour le régime Arrco (trois fois le plafond de la Sécurité sociale) et même 26488 € (huit fois le plafond de référence) pour l’Agirc, le régime des cadres.
Les cadres à hauts revenus cotisent donc nettement plus aux régimes complémen- taires qu’au régime général. Et ils per- çoivent donc davantage : aujourd’hui, leur
retraite complémentaire est générale- ment supérieure à leur pension de base. À ce stade des négociations dans la mise en place du régime universel, les parte- naires sociaux semblent s’orienter vers une assiette de cotisation plafonnée à 3 Pass (plafond annuel de la Sécurité sociale), soit 9 933 € en 2018. Les revenus situés au-delà de ce plafond ne seront donc pas pris en compte dans le calcul des cotisations de retraite. Ce qui réduira mécaniquement le niveau de pension des cadres dont le salaire est compris entre 9 933 € et 26 488 € mensuels.
LE CASSE-TÊTE
DES PROFESSIONS LIBÉRALES
Intégrer les professions indépendantes dans le système de retraite des salariés (du privé ou de la fonction publique) est une véritable gageure. Leur culture de la protection sociale est foncièrement dif- férente de celle des salariés : ils sont, certes, moins bien couverts, mais ils cotisent aussi beaucoup moins.
Or, la création d’un régime universel re- pose précisément sur l’homogénéisation des assiettes et des taux de cotisation. De ce point de vue, les professions libé- rales à hauts revenus ont énormément à perdre : leur taux de cotisation est pour le moment de deux à trois fois inférieur à celui des salariés.
Prenons le cas d’un professionnel libéral dont les revenus tournent autour du pla- fond envisagé de 3 Pass (9933 € en 2018). À ce niveau de revenus, les salariés co- tisent à hauteur de 28 %, contre seule- ment 10 % pour les professions médi- cales relevant de la Carpimko (caisse des auxiliaires médicaux), 15 % pour les phar- maciens (CAVP), 17 % pour les autres professions libérales... ➜
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