Page 55 - POCKET_GUIDE_REFORME
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                de toutes celles que l’on a connues depuis vint ans, constatent Jean-Marc Dupuis, professeur émérite à l’université de Caen Normandie, et Claire El Moudden maître de conférences IUP banque finance assu- rance (IAE de Caen). C’est avant tout la viabilité financière qui est recherchée. Et sur cet aspect, les régimes par points ne peuvent rien de plus que les régimes en annuités. »
Il n’empêche, les partenaires sociaux ont maintenant besoin de savoir quelle direc- tion prendra le système universel voulu par Emmanuel Macron : « Le cadre des discussions a bien été posé, il est temps d’entrer dans le dur de la réforme, estime Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT en charge du dossier des retraites. Le nouveau régime sera-t-il à points ou en comptes notionnels? Le gouverne- ment souhaite-t-il introduire un volet capitalisation? Se dirige-t-on vers un ré- gime unique ou gardera-t-on plusieurs régimes dont les règles seront harmoni- sées? La liste des thématiques à traiter est longue et l’exécutif n’a manifestement pas tranché. »
Deux ans après son enquête Parlons tra- vail, qui avait recueilli plus de 200 000 ré- ponses, la CFDT a lancé au printemps une nouvelle enquête, intitulée Parlons re- traites. Plus de 120 000 personnes y ont répondu. Ses résultats seront connus fin octobre : de quoi animer le débat public à quelques semaines de la présentation du projet de réforme. ■
 LES LEÇONS DU MODÈLE ALLEMAND
Le berceau historique de la retraite
Le premier régime de retraite obligatoire mis en place en Allemagne date de 1883, par Bismarck.
Le pays a réformé son système dès 1992 pour passer d’un régime par annuités à un régime par points.
Une démographie alarmante
En 2001 et 2005, deux réformes ont visé à faire converger les retraites publiques et privées et à encourager fiscalement les retraites par capitalisation. Et pour cause : sous la pression d’un taux de natalité particulièrement bas (1,4 enfant par femme), le système allemand a actionné tous les leviers dont il dispose pour desserrer la pression financière.
Des mesures drastiques
L’âge de départ, fixé à 65 ans jusqu’en 2012, augmente de façon progressive pour atteindre 66 ans en 2023 et 67 ans en 2030. Parallèlement, le taux de cotisation (financé à 50 % par l’employeur, 50 % par le salarié) est relevé peu à peu, passant de 19,90 % du salaire brut en 2010 à 22 % en 2030. En revanche, le taux de remplacement suit la pente inverse : de 58 % en 2010, il devrait descendre à 55 % en 2030.
11 % des 65-74 ans travaillent
Les personnes ayant occupé des emplois précaires ou connu des accidents de parcours se retrouvent avec des pensions très faibles, parfois inférieures à 600 €, car il n’existe pas de minimum vieillesse. C’est ainsi que 11 % des retraités âgés de 65 à 74 ans (plus de 900000 personnes) sont contraints de continuer à travailler pour compléter leur pension de retraite.
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