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5 novembre 2024

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En France, la dénutrition touche deux millions de personnes. Surtout des personnes âgées, mais pas uniquement. Les enfants comme les adultes sont aussi concernés, notamment lorsqu’ils sont malades ou hospitalisés. Cette pathologie fragilise les défenses naturelles, augmente les risques d’infections et complique le traitement des maladies. Depuis 2019, la lutte contre la dénutrition est l’un des axes du Programme national nutrition santé (PNNS). Une nouvelle semaine nationale de la dénutrition est organisée du 12 au 19 novembre 2024. Que faut-il savoir sur la dénutrition et quelles actions sont menées dans le milieu hospitalier ?

La dénutrition, une maladie silencieuse aux conséquences majeures

La dénutrition se caractérise par un déséquilibre de la balance énergétique, le plus souvent à cause d’une mauvaise alimentation. Les apports alimentaires, notamment les protéines, vitamines et micro-nutriments, ne sont alors pas suffisants pour faire face aux besoins de l’organisme. Cette maladie silencieuse n'est pas toujours repérée jusqu’au moment où elle provoque un amaigrissement important, avec une forte perte de masse musculaire.

Qui sont les personnes touchées par la dénutrition ?

Les personnes âgées sont les plus exposés : 800 000 seniors en France, selon les chiffres de l’Assurance maladie. Le collectif de lutte contre la dénutrition (association chargée par l’État de coordonner la semaine nationale de la dénutrition) estime ainsi que 4 à 10 % des plus de 70 ans à domicile rencontrent des difficultés à se nourrir correctement. L'autre public concerné par la dénutrition : les malades. Ainsi, 10 % des enfants hospitalisés et 40 % des personnes atteintes d’un cancer ne se nourrissent pas suffisamment selon le ministère de la Santé.

Bon à savoir : il existe une différence entre malnutrition et dénutrition. Le terme malnutrition désigne un déséquilibre nutritionnel : il peut aussi bien s’agir d’un excès (obésité par exemple) que d’une carence. La dénutrition concerne les situations dans lesquelles il existe un manque de nutriments essentiels

Quels facteurs favorisent la dénutrition ?

Différentes situations sont susceptibles d’entraîner un état de dénutrition.

Une diminution ou une perte de l’appétit

L’appétit diminue parfois en raison d’une maladie chronique (cancer, insuffisance rénale, mucoviscidose) ou de douleurs prolongées. L’isolement social, un changement d’environnement (entrée en Ehpad par exemple) ou une hospitalisation sont d’autres raisons possibles.

Un régime alimentaire restrictif mal géré

Celui-ci peut être volontaire, ou imposé comme dans le cas d’un régime sans sel.

Des troubles cognitifs ou psychologiques

Un état de dénutrition peut être favorisé par certains troubles comme la maladie d’Alzheimer, ou par un état psychologique qui impacte l’alimentation (anorexie mentale notamment). L’addiction à des substances médicamenteuses et la dépression sont aussi parfois en cause.

Des traitements médicaux ou chirurgicaux

Une chimiothérapie dans le cadre du traitement d’un cancer, ou une chirurgie de l’obésité sont susceptibles d’impacter l’appétit, la manière de se nourrir ou la façon dont le corps assimile les nutriments essentiels.

Des maladies ou des troubles digestifs chroniques

Certaines maladies augmentent parfois les besoins en énergie du corps (brûlures, hyperthyroïdie…). Des troubles digestifs chroniques (nausées, douleurs abdominales, maladie cœliaque ou maladie de Crohn), ainsi que des douleurs buccales (gingivite, manque de dents…) modifient la façon dont une personne se nourrit.

Des difficultés financières ou des difficultés à se déplacer sont d’autres facteurs à ne pas ignorer.

Des complications pour les personnes âgées et les malades

La perte de poids s’accompagne d’une perte de masse musculaire. Celle-ci entraîne des difficultés à se déplacer, avec une augmentation du risque de chutes et de blessures. Cela affecte la qualité de vie : pour les seniors, cela signifie moins d’activités et moins de lien social. La dénutrition « aggrave les maladies chroniques, augmente la durée d’hospitalisation et le risque de décès », estime le CHU de Poitiers. Les effets sont notables sur les fonctions immunitaires : un corps affaibli est plus sensible aux risques d’infections broncho-pulmonaires ou intestinales. Après une opération, la cicatrisation est aussi plus difficile. Certains traitements, notamment dans le cadre d’un cancer, sont moins bien supportés ou perdent en efficacité.

Dénutrition : mieux sensibiliser le grand public et les professionnels de santé

Des recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS)

La HAS et la Fédération française de nutrition ont listé plusieurs bonnes pratiques pour repérer et diagnostiquer la dénutrition chez un enfant, un adulte ou une personne de plus de 70 ans. Ces recommandations sont détaillées sur une fiche accessible sur le site de la HAS. Plusieurs critères sont pris en compte :

- le pourcentage de perte de poids,

- l'IMC (indice de masse corporelle) ;

- la réduction de la masse musculaire ;

- la réduction de la prise alimentaire ;

- les différentes pathologies (chroniques ou inflammatoires).

Les seuils de ces différents critères varient selon la population (seniors, enfants...), et permettent d’établir si un patient souffre de dénutrition modérée ou sévère. Ainsi, dans le cadre d’une hospitalisation, une alimentation adaptée est mise en place, accompagnée d’un suivi par une diététicienne ou un diététicien.

Des objectifs dans le Programme national nutrition santé (PNNS)

La lutte contre la dénutrition est l’un des objectifs du Programme national nutrition santé (PNNS) 2019-2023. Le PNNS recommande plusieurs actions.

- Repérer et prévenir la dénutrition, surtout chez les personnes âgées. Le dépistage précoce, par exemple, doit être facilité par la mention du poids du senior dans son dossier médical partagé afin que la donnée soit consultable tout au long de son parcours médical.

- Améliorer la formation des personnels dans les Ehpad pour animer les repas et en faire des moments de plaisir, de partage et de convivialité.

- Ou encore mieux sensibiliser, en instaurant depuis 2019 la Semaine nationale de la dénutrition. Le collectif Lutte contre la dénutrition recense de nombreuses initiatives sur son site internet.

Bon à savoir : le Programme national nutrition santé (PNNS) est un plan de santé publique, qui a pour objectif d’améliorer la santé des Français en agissant sur l’alimentation et l’activité physique. Le PNSS 2019-2023 a été étendu jusqu’en 2024. Un nouveau PNNS est annoncé pour 2025-2030.

Des actions concrètes dans les établissements hospitaliers

Une structure pluridisciplinaire au CHU de Poitiers

Pour mieux former et sensibiliser à la dénutrition, le CHU de Poitiers a mis en place une structure pluridisciplinaire : le CLAN (comité de liaison en alimentation et nutrition). Cette équipe associe les médecins, les soignants (diététiciennes et infirmières notamment) et les services de restauration hospitalière. Objectifs : comprendre l’origine de la dénutrition lorsqu’un cas est identifié, et mettre en place des solutions pour que le patient recommence à mieux s’alimenter. Plusieurs stratégies peuvent ainsi être conseillées : l’enrichissement ou le fractionnement des repas par exemple.

Des en-cas accessibles toute la journée au CHU de Besançon

Au CHU de Besançon, le service d’oncologie a installé une vitrine réfrigérée accessible aux patients en hôpital de jour. Celle-ci est remplie chaque matin d’aliments salés et sucrés et le patient mange en fonction de ses envies : salade composée, sandwich, laitage ou encore fruit... Le projet, soutenu par la Ligue contre le cancer, doit permettre de mieux répondre « aux attentes et aux besoins alimentaires » des patients, souligne le CHU.

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