En France, des laboratoires et des centres hospitaliers expérimentent le transport de prélèvements, ou de médicaments par les airs, en utilisant des drones. Des premiers vols de test ont déjà eu lieu, comme dans les Hauts-de-France. Cette innovation doit permettre de gagner en temps et en efficacité. Mais le transport par drones a encore des défis à relever, notamment en matière de sécurité et d’organisation. Explications.
Une technologie innovante qui trouve sa place en milieu hospitalier
À l’hôpital, le développement du transport par drone de prélèvements biologiques ou de médicaments répond des besoins logistiques : plus de rapidité, de fiabilité… et un impact plus limité sur l’environnement. Comment cela fonctionne, et pour quels bénéfices ?
Mieux comprendre le transport par drones
Les drones ne sont pas uniquement utilisés à des fins militaires ou pour les loisirs. Ils ont aussi un rôle à jouer dans le domaine de la santé ! Ces petits aéronefs, pilotés à distance, peuvent transporter une charge utile de quelques grammes à plusieurs kilos : des médicaments, des prélèvements biologiques, des poches de sang.... Ainsi, en 2019, une première expérimentation menée dans le Maryland (États-Unis) avait permis d’acheminer un rein pour une greffe. Et en Suède, un drone a transporté un défibrillateur en quelques minutes auprès d’une personne victime d’une crise cardiaque.
Le transport par drones : des avantages pour les établissements de santé
Le transport par drones ouvre de nouvelles perspectives.
Gagner du temps sur l’acheminement de produits urgents
Ces appareils peuvent acheminer des médicaments entre deux hôpitaux, ou des produits biologiques entre un hôpital et un service d’analyse par exemple. Un test réalisé en août 2022 à Anvers, en Belgique, a permis de transporter en quelques minutes un prélèvement entre un hôpital et un laboratoire. Il s’agissait alors de vérifier si les cellules d’un patient étaient cancéreuses : une situation qui nécessite une réponse rapide en pleine opération !
Mettre en place des liaisons fiables et moins coûteuses
Les drones pourraient assurer des liaisons régulières entre différents hôpitaux afin de remplacer des navettes routières. Ils constituent aussi une solution pour faciliter l’accès aux soins, dans des déserts médicaux, des zones mal desservies ou isolées par une catastrophe naturelle.
Réduire l’empreinte carbone
Le transport par drones se révèle aussi plus écologique. En comparaison de moyens de transport classiques, hors véhicules électriques, le bilan carbone est réduit : jusqu’à 95 % sur des trajets équivalents.
Plusieurs expérimentations menées dans des hôpitaux français
L’heure est à l’expérimentation dans plusieurs établissements hospitaliers français, afin d’identifier les obstacles à surmonter.
À Amiens, des liaisons régulières pour participer au maillage territorial
Dans les Hauts-de-France, trois établissements du Groupe hospitalier de territoire (GHT) Somme Littoral Sud testent le transport de prélèvements biologiques et de lait pour les nouveau-nés prématurés. Dans le cadre du projet Air GHT, le CHU d’Amiens, les centres hospitaliers de Montreuil-sur-Mer et d’Abbeville prévoient une trentaine de vols entre les différentes structures jusqu’à la fin de l’année 2024.
Des premiers essais ont déjà permis de déterminer les couloirs aériens pour le passage des drones. Ceux-ci se déplacent à 100 km/heure, à 100 mètres d’altitude. Il s’agit désormais de mesurer le gain de temps ainsi que les bénéfices économiques et médicaux. Le CHU d’Amiens le souligne : le temps de transport pourrait être divisé par deux.
À Valenciennes et Maubeuge, des trajets adaptés à la densité urbaine
Dans le Nord, le groupement de coopération sanitaire Sambre-Hainaut-Artois Biologie (GCS SHAB) analyse les prélèvements qui proviennent de six hôpitaux, de quatre cliniques et de différents établissements de soins.
Une ligne entre les centres hospitaliers de Maubeuge et de Valenciennes est testée : 41 kilomètres à vol d’oiseau, ou plutôt à vol de drone. Mais contrairement au CHU d’Amiens, les couloirs aériens ne sont pas encore définitifs. Les zones sont beaucoup plus urbanisées qu’en Picardie, et le type de drone utilisé est grand (trois mètres d’envergure). Si bien que le trajet se fait en deux fois : un vol jusqu’à la périphérie de la ville, puis les derniers kilomètres en véhicule électrique ou avec un appareil plus petit. Ce grand drone peut transporter jusqu’à 7 kg à une vitesse de 150 km/h : le GCS SHAB estime gagner 20 minutes à chaque trajet par rapport à une navette motorisée ou un coursier.
Un cadre réglementaire et des impératifs à respecter
Mettre en place des liaisons entre des établissements hospitaliers est un processus long, qui ne se limite pas uniquement au choix des drones. Les couloirs aériens doivent recevoir l’approbation de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Le pilotage des drones est bien sûr soumis à la réglementation en vigueur, ainsi qu’au respect des zones interdites de survol.
Il faut également assurer la sécurité et la traçabilité des prélèvements ou des médicaments tout au long du trajet, et garantir des conditions optimales pendant le transport. Ainsi, c’est toute la chaîne logistique hospitalière qui peut être amenée à évoluer pour intégrer cette nouvelle technologie. Enfin, tous les appareils ne sont pas adaptés aux conditions météorologiques : un vent violent ou des températures trop froides peuvent compliquer les vols. Autant de paramètres qui expliquent les diverses phases d’expérimentation.