Le métier d’infirmière a considérablement évolué au fil des décennies en France, et il continue de se transformer. La création de la fonction d’IPA (Infirmière en Pratique Avancée) en 2018 le prouve, et répond déjà à de nouveaux enjeux. Qu’en sera-t-il de la suite ? Les perspectives pour les infirmières – déjà ou futures diplômées – sont influencées par plusieurs facteurs. Parmi eux : les besoins en santé de la population, les évolutions démographiques, les nouvelles technologies et les politiques publiques. Focus sur l'évolution du rôle des infirmières de la Fonction publique hospitalière, et les défis auxquels elles seront confrontées à l’avenir.
Vers une hausse de la demande en soins infirmiers
L’état de santé des Français et les inégalités en matière d’accès aux soins montrent l’importance croissante des soins infirmiers.
Suivre l’évolution de l’état de santé des populations
Le constat est clair : la population vieillit, vit de plus en plus longtemps, et a davantage besoin de soins de longue durée. Et, en l’occurrence, de soins infirmiers. Selon les chiffres de l’Insee, l’espérance de vie était de 82,4 ans en moyenne en 2022 (85,4 ans pour les femmes et 79,3 ans pour les hommes) contre 80,2 ans en 2002.
Alors que les cancers constituent la première cause de mortalité en France, les maladies chroniques demeurent fréquentes. Quelques exemples : un quart des Français de 45-54 ans souffrent d’hypertension et près d’un Français sur 2 est en surpoids selon plusieurs études.
D’autres facteurs que les infirmières devront prendre en compte : les effets du changement climatique sur la santé, particulièrement les canicules, mais aussi les troubles mentaux.
Pallier les inégalités territoriales
L’accès aux soins, les déserts médicaux et le manque de médecins font également partie des défis actuels et futurs des infirmières :
- selon un rapport du Sénat, 9 à 12 % de la population française vit dans un désert médical soit entre 6 et 8 millions de personnes ;
- la France compte 121 médecins généralistes en moyenne pour 100 000 habitants au lieu de 141 en 2010 (d’après le Conseil national de l’ordre des médecins).
La création du métier d’Infirmière en Pratique Avancée en 2018 a déjà permis de déléguer aux infirmières certaines tâches auparavant réservées aux médecins.
Quelles futures compétences et spécialisations pour les infirmières ?
Trouver des réponses aux besoins des populations
Le cadre d’exercice des infirmières est varié et il existe déjà plusieurs possibilités de spécialisation (IPA, bloc opératoire, anesthésie par exemple). Mais au regard de l’évolution de l’état de santé des Français, les infirmières de demain devront acquérir des compétences dans des domaines bien spécifiques comme :
- la gériatrie ;
- les soins palliatifs ;
- les affections chroniques ;
- la santé mentale ;
- la prévention et l’éducation à la santé.
La prise en compte des nouvelles technologies
L’essor des nouvelles technologies apporte des changements significatifs dans les pratiques des infirmières. C’est le cas de la télémédecine, qui permet de réaliser des consultations à distance ou de proposer des outils de surveillance à domicile : une solution pour assurer la continuité des soins pour les patients éloignés. Et certains établissements publics de santé s’approprient d’ores et déjà d’autres innovations telles que l’intelligence artificielle et la réalité virtuelle. Par exemple : le CHU de Bordeaux (Gironde) a recours à un outil d'intelligence artificielle pour optimiser la gestion des lits et la planification des admissions. À l'hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine), les infirmiers sont formés à la gestion des situations d'urgence et des procédures médicales complexes grâce à la réalité virtuelle.
Réforme du métier d’infirmière en 2024-2025 : des nouveautés en matière de missions et de formation
Pour apporter une réponse à la hauteur de ces nouveaux enjeux de santé, une réforme du métier et de la formation d’infirmière est en cours. Elle prévoit différentes mesures, qui devraient être appliquées jusqu’en 2025, et qui visent notamment à élargir les compétences des infirmières.
La Loi "Rist 2", adoptée en mai 2023, permet ainsi aux infirmières d'effectuer des actes de prévention et de traitement des plaies. Elle les autorise aussi à prescrire des examens complémentaires et certains produits de santé. Des décrets devraient aussi voir le jour pour valoriser les différentes spécialités des infirmières, en particulier les IPA, selon les recommandations du ministère de la Santé. À suivre en fonction des prochaines politiques initiées par le nouveau Gouvernement.
Et du côté du diplôme ? L’ancien ministre de la Santé François Braun évoquait en 2023 une « formation rénovée ». Le référentiel métier, les conditions d’accès à la formation et la reconnaissance du diplôme d’État d’infirmière sont autant d’éléments amenés à évoluer. Le but : adapter le contenu de la formation en IFSI aux nouveaux défis de santé publique et renforcer l’attractivité de la profession d’infirmière, et ce d’ici la rentrée 2025.