Alors que les Jeux paralympiques viennent de se terminer, zoom sur les handicaps invisibles qui représentent 80 % des handicaps en France. Quels sont ces handicaps et comment sont-ils pris en compte dans le monde du travail, et en particulier dans les établissements de soins ? Exemples en France et au Canada de la prise en compte du handicap invisible des soignants ou par les soignants.
Qu’est-ce qu’un handicap invisible ?
La définition du handicap invisible
Le handicap invisible est moins connu parce qu’il ne se voit pas. Pas de canne blanche, ni de fauteuil roulant, et pourtant la personne handicapée doit s’adapter pour vivre le mieux possible avec cette affection.
Bon à savoir : 12 millions de Français sont atteints d’un handicap dont 80 % avec handicap invisible survenu à l’âge adulte ou jeune adulte.
La loi Handicap votée en 2005 précise la définition du handicap : « toute limitation d’activité ou restriction de participation à la vie en société subie dans son environnement par une personne en raison d’une altération substantielle, durable ou définitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santé invalidant ».
Malheureusement, les personnes atteintes d’un handicap invisible ne bénéficient pas de la même bienveillance que celles dont le handicap est repérable.
Les affections considérées comme un handicap invisible
Les affections de longue durée peuvent être considérées comme un handicap invisible. Plusieurs pathologies comme le diabète, l’asthme ou les maladies cardio-vasculaires réduisent les capacités des malades.
Une liste permet de recenser les différents handicaps invisibles :
- Les maladies invalidantes (asthme, allergies, diabète...) ;
- Les troubles musculosquelettiques (lombalgies, tendinites...) ;
- Les handicaps mentaux ;
- Les handicaps psychiques ;
- Les troubles DYS = les troubles spécifiques du langage et des apprentissages (dyslexie, dyspraxie, dysphasie).
Le handicap invisible dans la Fonction publique
Les personnes atteintes sont particulièrement impactées dans le monde du travail. C’est ainsi que l’on constate que le taux de chômage des handicapés est pratiquement le double des personnes valides : 14 % contre 8 % (chiffres officiels de 2022).
Pour améliorer ce pourcentage, l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (OETH) est un dispositif pour inciter les employeurs privés et publics à embaucher des travailleurs handicapés.
Le taux d’emploi des bénéficiaires du dispositif est de 5,44 % en 2021. Cela concerne 5,48 % dans la Fonction publique hospitalière soit 54 602 personnes.
Un guide a été publié en 2023 par le FIPHFP (Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la Fonction publique). Il est destiné aux personnes accompagnant ou encadrant les personnes en situation de handicap invisible dans la Fonction publique. Ces informations permettent de répondre à plusieurs types de questionnement :
- Identifier les personnes atteintes et proposer un accompagnement tout en respectant le désir de discrétion ;
- Organiser une capacité d’écoute de toutes les parties prenantes des ressources humaines ;
- Communiquer sur les textes réglementaires existants ;
- Utiliser au mieux les dispositifs existants.
Deux exemples d’actions pour l’intégration des personnes en situation de handicap invisible dans des établissements de soins
Les personnels des établissements hospitaliers sont eux aussi concernés par cette problématique du handicap invisible. Des solutions existent pour les intégrer au mieux et leur permettre d’exercer leur profession dans les meilleures conditions possibles.
Un accompagnement et un soutien pour les futures infirmières au Québec
Les autorités québécoises se sont rendu compte, en 2021, que des infirmières en cours de formation éprouvaient des difficultés au moment d’accéder au marché du travail. Ces futures professionnelles souffraient d’un type d’handicap invisible tels que des troubles d’apprentissage, de santé mentale, de l’attention, neurocognitifs, etc.
Le premier CHU à s’en inquiéter est le CHU de Sainte-Justine de Montréal. Son étude montre que le nombre d’étudiants atteint de ce trouble « émergent » a explosé au cours des dernières années. Les démissions ont aussi augmenté. Il s’agissait de jeunes femmes qui déclaraient qu’elles ne dormaient plus, qu’elles ne se sentaient pas capables de travailler. Comme si les jeunes diplômées perdaient les compétences acquises pendant leurs études.
Un programme spécifique est alors mis en place pour accompagner ces jeunes étudiantes. Il s’agit par exemple de multiplier les pauses pendant la durée du travail ou de choisir un lieu calme pour remplir les dossiers des patients. Cela permet d’atténuer le stress ressenti par les infirmières tout en garantissant la sécurité des malades.
Des formations ont aussi permis au personnel en poste de mieux comprendre ces handicaps pour les intégrer dans leur exercice quotidien. Et les résultats sont concluants.
La sensibilisation aux handicaps invisibles par le personnel hospitalier
Pour mieux faire comprendre la situation des personnes atteintes de ce type de handicap, des soignants ont choisi de prendre la parole. C’est le cas de Camille Racca, étudiante en médecine. À travers son association « Draw your fight », elle illustre les témoignages de personnes atteintes de ces handicaps que l’on ne voit pas. Une exposition, rassemblant ces dessins, « Les reflets du handicap invisible », voyage dans toute la France, principalement dans les hôpitaux pour communiquer autour de ce thème.
L’association est aussi à l’origine du colloque des maux invisibles le 17 octobre 2024, à l’hôpital Lariboisière à Paris. De nombreux spécialistes échangent sur la manière de prendre en compte ces douleurs, fatigues ou pertes de mémoire. Des cercles de paroles sont organisés pour que les malades puissent échanger et s’informer.
À côté de ces événements, l’association de Camille Racca utilise tous les moyens numériques pour communiquer sur ce sujet : un compte Instagram avec plus de 27 k followers mais aussi une newsletter.