Le thème de « la résilience hospitalière » est apparu à la suite de la pandémie COVID-19. Les équipes des établissements publics de santé ont fait preuve de courage mais aussi d’intelligence humaine et d’agilité. Il a fallu que l’institution se réinvente pour répondre à cet événement qui a bouleversé le monde entier. Ce sujet a été choisi pour le 15ème congrès inter régional de la Fédération hospitalière de France qui a lieu ces 14 et 15 septembre 2023 à Biarritz. Mais que signifie la résilience hospitalière ?
Qu’est-ce que la résilience hospitalière ?
La résilience, une notion récente
Au départ, la résilience désigne la capacité d’un matériau à résister aux chocs ou à reprendre sa structure initiale après avoir été déformé.
Il y a une cinquantaine d’année, les Anglo-Saxons se sont emparés de ce terme dans le domaine des sciences humaines. Les professionnels francophones les ont suivis, au début des années 2000.
En France, c’est le neuropsychiatre Boris Cyrulnik qui va développer le concept et surtout le faire connaître du grand public. Enfant sauvé de la Shoah, il a très tôt eu envie de comprendre les rapports entre les humains. Et montrer qu’il est possible de surmonter de graves traumatismes, de résister aux chocs :
«On ne peut parler de résilience que s’il y a eu un traumatisme suivi de la reprise d’un type de développement, une déchirure raccommodée. Il ne s’agit pas du développement normal puisque le traumatisme inscrit dans la mémoire fait désormais partie de l’histoire du sujet comme un fantôme qui l’accompagne. Le blessé de l’âme pourra reprendre un développement, dorénavant infléchi par l’effraction dans sa personnalité antérieure».
Ce concept a été développé dans des domaines différents comme l’écologie mais aussi la sociologie ou encore l’enseignement. C’est ainsi qu’est apparu la notion de résilience hospitalière. Explications.
La résilience hospitalière, l’après pandémie
La pandémie de la COVID-19 a joué un rôle déterminant dans l’élaboration de cette notion de résilience hospitalière. En effet, elle est intervenue alors que le système hospitalier était déjà en difficulté. Les acteurs hospitaliers ont dû trouver la ressource pour innover et répondre aux attentes des Français.
La question de la place de l’individu dans l’organisation
Comme le souligne Marylise Bousser dans son étude sur la résilience hospitalière, cette crise sanitaire a remis, au centre de l’organisation, l’humain. Chaque agent hospitalier a contribué à ce que la structure s’adapte et innove pour résoudre les problèmes posés par l’extérieur. « L’agilité et la résilience hospitalière se sont donc appuyées sur une adaptation du personnel ». Cette citation montre l’importance qu’a eu le personnel pour imaginer des solutions parfois hors normes pour répondre à une situation elle-même inédite. Comme une famille qui retrouve les ressources pour se reconstruire après un traumatisme, l’ensemble du personnel hospitalier s’est mobilisé pour construire une organisation adaptée à cette situation inédite.
L’adaptabilité du personnel hospitalier
Une grande partie des pratiques hospitalières a été modifiée durant cette période. Néanmoins, le niveau de qualification (formation et expérience) a permis aux personnels soignants de pratiquer leurs soins avec une certaine autonomie. Ils ont pu aussi participer à l’organisation des services. Lorsque le personnel qualifié n’était pas suffisant, les solutions les plus sûres ont été choisies : « on ne peut pas prendre une infirmière d’un autre service en disant qu’elle fait l’affaire, c’est dangereux ! » Les équipes des blocs opératoires, jugées plus compétentes, ont permis de pallier ce manque de personnel. Cette organisation, peu habituelle, a été saluée par tous : « c’était un vrai partage de compétence ».
Ces éléments relevés par plusieurs études montrent que la pandémie a permis aux équipes de travailler différemment en s’adaptant, autour de personnes ressources et de pratiques standardisées (tout le monde parlant le même langage).
Les enseignements de la résilience hospitalière
Comment se réinventer ?
Le congrès, organisé par la Fédération hospitalière de France, questionne sur l’avenir de l’hôpital de l’après pandémie : comment « se réinventer » et pourquoi s’engager ? Ces interrogations sont rappelées dans l’éditorial du programme :
« Porteurs de valeurs et de solidarité, nos établissements sont plus que jamais invités à s’inscrire dans la réalité de notre société actuelle à la recherche de sens et se réinventer afin de prendre en compte les préoccupations des nouvelles générations lesquelles aspirent à se réinventer un avenir partagé et soutenable. »
Ce texte reprend les thématiques liés à la résilience hospitalière : comment utiliser les enseignements de la pandémie COVID-19 pour inventer une nouvelle manière d’exercer au sein d’un établissement public de santé.
Préparer l’hôpital de demain
L’hôpital doit s’ouvrir sur d’autres formes de structures : trouver des passerelles avec la médecine de ville, par exemple ou encore la télémédecine.
Ces innovations doivent aussi permettre aux établissements publics de santé de recruter plus facilement et devenir un « magnet hospital » ou hôpital aimant qui attire toutes les personnes qualifiées.
Comment intégrer le virage domiciliaire (le maintien à domicile) qui est de plus en plus réclamé par les Français ? Ils n’ont pas oublié la manière dont l’hôpital a pu répondre à leurs attentes pendant la pandémie de COVID-19. Aujourd’hui, 85 % des futurs patients rappellent leur souhait de ne pas y vieillir, comme dans ce sondage de 2019 de l’Ifop.
La transformation écologique fait partie des sujets qui ont émergé avec la résilience hospitalière.