Comment recruter le personnel nécessaire pour que l’hôpital fonctionne ? Un des outils utilisés est le « job crafting » ou encore la personnalisation de son emploi. Explications sur ce mouvement qui apporte des résultats intéressants.
Qu’est-ce que le job crafting ?
Une pratique théorisée
Cette notion apparaît dans la Harvard Business Review en 2010. Des chercheurs ont observé ce comportement au sein des entreprises et ont décidé de le théoriser. Cette pratique, si elle n’est pas novatrice, a pris de l’ampleur ces dernières années grâce à cette médiatisation.
Réinventer son métier, redéfinir son travail
Le concept consiste à lutter contre le « quiet-quitting ». Ce terme anglais désigne un comportement consistant à faire le strict nécessaire dans son travail. Le plus souvent parce que l’on n’est pas heureux et que l’on ne prend aucun plaisir à accomplir les tâches quotidiennes. L’issue du quiet-quitting est le plus souvent la démission ou le « great resignation », une sorte de résignation mais qui n’est pas très positive, non plus.
Le job crafting, quant à lui, permet aux salariés de modifier, de modeler leur travail pour mieux en accepter les contraintes. Et aussi pour valoriser leurs qualités, qui n’ont pas toujours été exploitées, au sein de l’entreprise ou de l’équipe. Cette méthode est considérée par les ressources humaines comme gagnant-gagnant. En effet, cela donne un nouveau souffle aux employés et cela permet à l’entreprise ou l’organisation de les motiver.
Il est donc nécessaire de bouger les lignes… mais est-ce possible dans un établissement public de santé ?
Comment mettre en place le job crafting ?
Il existe une méthode pour permettre aux équipes d’identifier les nouveaux périmètres de leurs activités.
Établir un état des lieux des tâches
C’est le premier travail à faire de manière individuelle :
• déterminer toutes les tâches et sous-tâches du collaborateur pendant une semaine ;
• repérer les actions les plus répétitives ;
• indiquer les interlocuteurs concernés par ces actions ;
• confirmer le rythme et les fréquences des échanges.
Jauger les tâches et les échanges avec les collègues
En reprenant chacune des actions de la semaine, l’employé détermine :
• les émotions provoquées par les échanges ;
• l’intérêt et le plaisir à effectuer les tâches ;
• les forces et faiblesses rencontrées ;
• la quête de sens ou non.
Permettre une certaine autonomie dans la prise de décision
Ces exercices permettent de détecter le mauvais déroulement de certaines actions pour ensuite l’améliorer. Et cela en fonction de la personnalité de l’employé : ce dernier n’a pas toujours besoin de modifier son poste. Mais s’il ressent que quelques changements peuvent donner plus de sens à son travail, c’est à prendre en compte par l’encadrement.
Et comment se passe le job crafting dans les établissements publics de santé ? Il s’est imposé pendant la pandémie du Covid-19 et il doit aujourd’hui poursuivre sa mise en place.
Le job crafting dans les hôpitaux français
Une étude sur ce sujet a été menée en 2021, à l’Institut du management de l’École des Hautes Études en Santé Publique (EHESP). Les résultats ont été publiés en 2022, dans le cadre d’un ouvrage collectif “espaces et comportements organisationnels : nouvelles organisations, nouvelles théorisations”.
La pandémie de 2020 a créé des situations nouvelles
Les auteurs ont procédé par entretiens avec des soignants après la crise de la pandémie en 2020. Le constat est simple : la continuité des soins a été assurée, coûte que coûte, dans une situation où les conditions de travail étaient difficiles.
Les auteurs de l’étude ont donc cherché les mécanismes qui ont permis aux établissements publics de santé de répondre aux attentes des patients, en allant au-delà du dévouement des agents hospitaliers. Christelle Routelous, une des autrices, explique que “les soignants ont à la fois travaillé sur la représentation de leur rôle et aussi sur les ressources trouvées dans leur environnement et celles qu’ils ont produit eux-mêmes. Cela correspond au façonnage du rôle et au façonnage des ressources”.
Les personnels de direction ont activement participé au sein des services pour rassurer, informer ou encore aider les soignants. Cette aide ajoutée au soutien de la population ont permis aux équipes de se galvaniser.
L’enseignante chercheuse rappelle que ces conditions exceptionnelles ont été « l’occasion d’un apprentissage collectif sur la capacité des équipes à maintenir de la qualité si on leur permet d’être autonomes ».