Une consultation en visio, un suivi à distance avec des objets connectés… Depuis plusieurs années, la télésanté fait évoluer la manière dont les soins peuvent être effectués à distance. Cette nouvelle approche est très encadrée et les derniers décrets sont récents. Dans les centres hospitaliers et les établissements de santé, elle permet d’améliorer la prise en charge et le suivi des patients, et de mieux coordonner les professionnels. Elle rend aussi les soins plus accessibles aux personnes qui ne peuvent se déplacer ou qui résident dans des déserts médicaux. Explications.
La télésanté : faciliter l’accès à distance aux soins médicaux et paramédicaux
L’Agence du numérique en santé (ANS) définit la télésanté comme « une forme de pratique médicale à distance, qui utilise les technologies de l’information et de la communication ». Elle permet de mettre en rapport les professionnels de santé avec leurs patients ou entre eux, en utilisant des outils numériques dédiés : une messagerie en ligne, une plateforme de téléconsultation, une webcam.
Télésanté, télémédecine ou télésoin : quelles différences ?
La télésanté comprend en fait deux domaines d’activités différents : la télémédecine et le télésoin. Ils concernent des professions médicales et paramédicales différentes.
La télémédecine
Elle regroupe 5 types d’actes exercés par les médecins, les sage-femmes ou encore les chirurgiens-dentistes.
- La téléconsultation, au cours de laquelle un patient consulte le professionnel de santé.
- La télésurveillance : une prise en charge à distance en recueillant et en interprétant des données sur la santé du patient.
- La téléexpertise, qui permet à un professionnel de santé d’en consulter un ou plusieurs autres sur le cas d’un patient.
- La téléassistance : un professionnel de santé en assiste un autre pour réaliser un acte médical.
- La régulation médicale : les SAMU ou centres 15 proposent une réponse médicale à distance ou orientent le patient dans son parcours de soin.
Le télésoin
Il s’agit de l’équivalent de la télémédecine, mais qui s’adresse aux pharmaciens, aux auxiliaires médicaux ou aux professions paramédicales. Il est permis lorsque les soins ne nécessitent pas de contact direct.
Les premières professions autorisées à pratiquer le télésoin dès 2019 étaient les infirmières, les diététiciens, les ergothérapeutes, les masseurs-kinésithérapeutes, les orthophonistes, les orthoptistes, les pédicures-podologues, les psychomotriciens et enfin les pharmaciens. Depuis 2021, la liste a été étendue aux orthoprothésistes, audioprothésistes, manipulateurs d’électroradiologie médicale, opticiens-lunetiers, prothésistes et orthésistes.
La santé à distance a fortement évolué ces dernières années
Bien sûr, consulter son médecin en visioconférence ou échanger des informations médicales par le biais d’une messagerie n’est pas nouveau. Ces habitudes se sont développées à mesure que l’accès aux outils numériques s’est démocratisé. Mais ces dernières années ont été marquées de plusieurs jalons, qui ont permis d’organiser et d’encadrer la télésanté.
- L’arrêté du 1er août 2018 qui inscrit dans le droit commun la téléconsultation et la télémédecine ;
- La loi du 24 juillet 2019 relative à l'organisation et à la transformation du système de santé (OTSS), qui rend le télésoin accessible aux pharmaciens, aux infirmiers et à certaines professions paramédicales ;
- Et le décret du 3 juin 2021 qui définit les conditions de mise en œuvre et de prise en charge du télésoin, et l’étend à un plus grand nombre de professions paramédicales.
La télésanté a aussi connu un véritable essor pendant la pandémie. Ainsi, selon les chiffres de l’Assurance maladie, 80 000 téléconsultations étaient réalisées en 2019, alors qu’il y en a eu près de 9 millions par an depuis 2021.
Quelle place et quelles applications pour la télésanté à l’hôpital ?
Dans les établissements hospitaliers, la télésanté permet de disposer de solutions innovantes pour améliorer l’accès aux soins, mutualiser des ressources et permettre une meilleure prise en charge des patients. C’est aussi un outil pour un meilleur suivi entre l’hôpital et la médecine de ville. Voici quelques applications possibles.
Des consultations à distance de spécialistes
Pour les patients qui résident dans des zones rurales ou qui rencontrent des difficultés pour se déplacer, la possibilité d’une consultation à distance limite le renoncement aux soins. Cela permet aussi au médecin traitant de les orienter vers un spécialiste en limitant le temps d’attente.
Le suivi de maladies chroniques dans des services spécialisés
Pour des personnes qui souffrent de maladies chroniques (diabète, hypertension, bronchite chronique…), les dispositifs connectés facilitent une surveillance en temps réel. La fréquence des visites à l’hôpital est réduite et les données transmises aux professionnels de santé permettent un ajustement des traitements lorsque c’est nécessaire. Et en cas de difficulté ou de résultats inquiétants, le service concerné est immédiatement informé et agit rapidement.
La surveillance des patients à domicile
Les patients qui quittent un service dans lequel ils étaient hospitalisés, ou qui sont hospitalisés à domicile (HAD), peuvent être dotés d’un dispositif de surveillance. Les données de santé sont ainsi transmises en temps réel. Cette surveillance proactive contribue à détecter rapidement une complication, en lien étroit avec l’équipe soignante en charge de son hospitalisation à domicile par exemple.
La téléexpertise pour bénéficier de l’avis de spécialistes de centres de référence
Certains hôpitaux possèdent des services de référence hautement spécialisés dans la prise en charge des cancers, des grands brûlés ou de certaines pathologies. Ce haut niveau d’expertise devient plus accessible à l’ensemble des centres et établissements de soins, qui peuvent les consulter pour obtenir une deuxième opinion ou améliorer la pertinence d’un traitement.