En France, le secteur de la santé représente près de 8 % des émissions de gaz à effet de serre, selon le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. Comme d’autres domaines, la santé a un rôle à jouer dans la mise en place de pratiques plus responsables. La feuille de route établie en mai 2023 par le gouvernement prévoit plusieurs actions pour encourager les acteurs de la santé à adopter des soins écoresponsables. Quelles sont les particularités de ces soins et quels sont leurs bénéfices ? Voici plusieurs exemples de pratiques adoptées par différents services hospitaliers.
Les soins écoresponsables pour améliorer l’impact carbone du secteur de la santé
Qu’est-ce que l’écoconception des soins ?
L’Assurance Maladie définit un soin écoresponsable comme « un soin qui, à qualité et sécurité égales pour le patient, est moins impactant pour l’environnement. » Cet éco-soin, ou soin éco-conçu (les différents termes sont utilisés) répond à plusieurs problématiques :
- la surutilisation, de la sous-utilisation ou le gaspillage ;
- les enjeux environnementaux, sociaux et économiques engendrés par le soin.
Ce type de nouvelle pratique prend plusieurs formes, comme :
- recourir à des médicaments moins polluants que d’autres ;
- utiliser du matériel de manière écoresponsable ;
- ou encore éviter certains gaz anesthésiants plus polluants.
Encourager de nouvelles pratiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
Dans son rapport « Décarboner la santé », publié en avril 2023, le groupe de réflexion The Shift Project estime que le secteur de la santé en France émet près de 49 millions de tonnes de CO 2 chaque année. Les médicaments et les dispositifs médicaux représentent 55 % de ces millions de tonnes, et les soins environ 45 %.
En mai 2023, un premier Comité de pilotage de la planification écologique pour le système de santé a établi une feuille de route. Elle comprend 8 leviers pour assurer la transformation écologique du secteur, dont le développement de soins écoresponsables, le bâtiment et la maîtrise de l’énergie, les achats durables ou encore la gestion des déchets.
Dans le milieu hospitalier, de nouvelles pratiques écoresponsables ont déjà été adoptées
Pendant plusieurs mois, entre 2023 et début 2024, le ministère de la Santé, l’Assurance Maladie et l’Anap (agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux) ont lancé une opération de recensement. Objectif : répertorier des bonnes pratiques de soins écoresponsables déjà adoptées dans différents services ou établissements de santé, afin que d’autres puissent s’en inspirer. Une restitution est prévue en juin 2024. L’Anap en liste déjà plusieurs sur son site internet et voici quelques exemples.
Au CHU de Clermont-Ferrand, des dispositifs médicaux réutilisables
À la maternité du CHU de Clermont-Ferrand, les soignants ont recours à des dispositifs médicaux réutilisables (DMR) plutôt qu’à usage unique (DMUU) pour les accouchements par voie basse. Cela implique un changement d’organisation puisque le service de stérilisation doit pouvoir traiter ce matériel. Plusieurs scénarios ont été testés pour choisir la solution la plus adaptée et la plus efficace. « Les émissions de gaz à effet de serre évitées annuellement en passant aux DMR correspond aux émissions de 3 tours du monde en voiture », relève Steffi Calland, pharmacien stérilisation, sur le site de l’Anap.
Au CHU de Versailles, des trousses d’intervention optimisées pour réduire les déchets
Des trousses d’intervention sont utilisées dans les blocs opératoires du CHU de Versailles depuis 2005. Le projet du centre hospitalier a consisté à supprimer les éléments de ces trousses qui n’étaient plus utilisés systématiquement, et ainsi réduire le gaspillage. En lien avec la pharmacie, les équipes des services d’anesthésie, d’ophtalmologie, de gynécologie, de coronarographie et d’orthopédie ont modifié la composition de ces trousses. Résultat : une réduction totale de 37 kg de déchets plastiques et papiers et de 26 kg de déchets métalliques.
Au CHU de Toulon, le protoxyde d’azote n’est plus utilisé lors d’une anesthésie générale
Le protoxyde d’azote fait partie des gaz employés lors d’une anesthésie générale. Mais il s’agit également d’un produit avec un fort impact sur l’environnement, qui cause nausées et vomissements post-opératoires chez le patient. Le CHU de Toulon a mis en place d’autres protocoles d’anesthésie sans protoxyde, ce qui a nécessité une modification des équipements et une formation des personnels soignants. Le bénéfice estimé est de 51 tonnes de CO 2, soit l’équivalent de 18 allers-retours Paris-New York en avion.
À l’hôpital Cochin à Paris, une réduction des emballages des instruments
Dans cet hôpital parisien, la pharmacie a mis en place un plan de réduction des déchets d’emballage en suivant trois actions :
- Passer d’un emballage double à un emballage simple pour les instruments utilisés dans 60 services de soins différents ;
- Optimiser les stocks d’instruments stériles dans 7 blocs opératoires, soit 35 salles d’opération ;
- Et réviser les compositions d’instruments pour identifier ceux qui ne sont pas utilisés et limiter le gaspillage en salle d’opération.
En un an, la pharmacie a observé plusieurs bénéfices : une réduction de 14 % des déchets hospitaliers non infectés (DAOM), et une diminution de 10 % du nombre de sachets préparés.
Ces différentes pratiques permettent de mieux tenir compte, au quotidien, des critères environnementaux et sociétaux. Pour les soignants et agents hospitaliers, c’est aussi un moyen de participer à la mise en place de soins écologiquement responsables et plus en accord avec les défis actuels.