Les aides-soignants font partie des professionnels de santé qui exercent souvent de nuit, comme les infirmières ou les sage-femmes. Ces horaires atypiques concernent une aide-soignante sur dix, de manière occasionnelle ou régulière, selon les chiffres de l’enquête Sumer réalisée par la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques). Les aides-soignantes contribuent ainsi à « assurer la permanence des services de soins », relève la Dares. Mais quelles sont leurs missions, et dans quel cadre l’exercent-elles pour assurer la continuité des soins pendant la nuit ? Nadège, Fabien et Christèle racontent leur quotidien d’aides-soignants de nuit.
Quel est le rôle d’une aide-soignante ou d’un aide-soignant de nuit à l’hôpital ?
Accompagner et rassurer les patients pendant la nuit
Les hôpitaux ne s’arrêtent pas de fonctionner une fois la nuit tombée, même si l’activité est moins importante dans les services hospitaliers en dehors, bien sûr, des services d’urgence. Comme les infirmières, les aides-soignantes assurent la continuité des soins pour les patients. Leur « journée » de travail commence en général vers 19 heures ou 20 heures. Un horaire où les visiteurs ont quitté l’hôpital : « c’est un moment où l’hôpital est plus calme : on ne ressent pas le tumulte de la journée », raconte Nadège. Cette aide-soignante de 38 ans travaille dans un service de soins de suite et de réadaptation, en région parisienne. Elle débute sa nuit par une aide au coucher pour les patients qui en ont besoin, et elle en profite pour s’assurer que chacun est bien installé. « Je me présente aux malades que je ne connais pas encore par exemple, ou je passe dire bonsoir à ceux que j’ai déjà vu la veille. Cela me permet de vérifier que tout va bien, et cela les rassure. Cette présence est importante. Pour certains, la nuit est synonyme d’anxiété et de stress. Parfois, ils ont besoin de parler, même quelques minutes. »
De l’aide à la prise de médicaments aux soins d’hygiène
Cette présence bienveillante, les aides-soignantes l’assurent toute la nuit. Fabien, qui exerce dans un service de cardiologie en Alsace, commence son premier passage par aider les patients à prendre leurs médicaments, en binôme avec une infirmière. Il fait plusieurs rondes au cours de la nuit, et il garde l’œil sur les alarmes. « Les raisons des appels sont variées : des douleurs, des inquiétudes, un besoin d’aide pour se rendre aux toilettes… il faut aussi prendre le temps de refaire un lit ou de faire la toilette d’un patient s’il y a eu un accident nocturne. »
Quels avantages pour un aide-soignant ou une aide-soignante qui travaille de nuit ?
Un autre rythme de travail et plus d’autonomie
Pour Fabien, le travail de nuit répond d’abord à « un autre rythme avec les patients. Ils sont plus vulnérables et cette dimension d’accompagnement est vraiment importante pour moi. » Ces horaires modifient aussi selon lui la relation avec ses collègues. Le fait de travailler en équipe très réduite, en binôme avec une infirmière, « crée un lien important : on se serre les coudes et on apprend vraiment à travailler ensemble en toute confiance. Il faut qu’il y ait de la cohésion pour que chacun ait son champ de compétences », souligne-t-il. Autre point fort cité par Nadège : l’autonomie. « Il faut être bien méthodique pour s’organiser, et savoir prendre des initiatives. Personne ne viendra me rappeler une tâche oubliée. C’est à moi de m’en souvenir et de faire en sorte que chaque nuit se passe bien ! »
Du temps pour s’occuper de sa famille
Christèle, de son côté, a misé sur la vie de famille en choisissant le travail de nuit il y a près de 9 ans. « Il y a des avantages à travailler de nuit, et notamment pour mieux organiser ma vie de famille. Je profite plus de mes enfants, surtout en fin de journée lorsqu’ils reviennent de l’école ou le mercredi après-midi. Mais cela nécessite de bien organiser les temps de repos aussi ! ».
Quel est le salaire d’un aide-soignant ou d’une aide-soignante de nuit ?
En début de carrière, le salaire mensuel brut d’un aide-soignant est de 1 726, 61 € selon la grille indiciaire. Il atteint 2 691, 77 € en fin de carrière pour un aide-soignant de classe supérieure. Pour les soignants qui exercent de nuit, l’indemnité horaire pour travail de nuit (IHTN) s’ajoute à ce montant. Cette indemnité est peu élevée : elle correspond à 0,17 € de l’heure, pour chaque heure travaillée entre 21 heures et 6 heures du matin.
Elle est prise en compte dans le calcul de la retraite additionnelle de la Fonction publique (RAFP) uniquement. Elle peut faire l’objet d’une majoration pour travail intensif, soit 0,8 € de l’heure (source Legifrance).
Selon les établissements, les aides-soignants perçoivent ou non une prime de sujétion, qui correspond à 10 % du traitement brut indiciaire. Cette prime, qui vise à compenser les contraintes et les risques du métier, n’est pas versée automatiquement. Elle est proposée par le directeur du service hospitalier auprès de l’établissement de santé. Son montant est intégré dans le calcul de la pension de retraite. D’autres primes peuvent être versées :
- une indemnité forfaire pour les dimanches et jours fériés travaillés ;
- une indemnité forfaitaire de risque ;
- une indemnité pour travaux dangereux, insalubres, incommodes ou salissants ;
- ou encore des indemnités horaires pour travaux supplémentaires.